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Le point macro

Pour sa dernière réunion de politique monétaire de l’année, la BCE n’avait pas d’autre choix que de convaincre le marché de son intention de tout faire pour soutenir aussi longtemps que nécessaire la reprise économique dans la zone euro. Le moins qu’on puisse dire c’est que le pari est réussi. Conformément aux attentes, la BCE a dévoilé un nouvel arsenal de mesures qui devrait garantir aux Etats mais aussi aux banques (et par ce biais aux entreprises et aux ménages) des conditions d’accès au crédit particulièrement favorables sur la longue durée. Concrètement, la BCE a relevé l’enveloppe de son programme d’achats d’actifs pour faire face à la pandémie (le fameux PEPP) à près de 1850 milliards d’euros et l’a étendu jusqu’en mars 2022. En outre, comme nous l’avions anticipé, la banque centrale a également décidé de prolonger ses prêts aux banques commerciales à taux négatifs et a augmenté le montant éligible. L’objectif clair de la BCE en agissant ainsi n’est pas d’augmenter le niveau de l’inflation (ce qui est au cœur de son mandat) mais de s’assurer que les conditions de refinancement restent particulièrement bonnes à l’avenir pour éviter au maximum les faillites d’entreprises et que des Etats de la zone euro ne soient en difficulté, comme ce fut le cas en 2012.

Le point technique

Là où la BCE a été moins convaincante, c’est sur le niveau du taux de change de l’euro. C’était l’aspect qui était scruté de près par les opérateurs du marché des changes. Lors de sa conférence de presse suivant la publication du communiqué de la BCE, Christine Lagarde a sans surprise réaffirmé surveiller de près le taux de change de la monnaie unique, indiquant au passage ne pas voir d’un bon œil une appréciation trop importante qui viendrait gripper la reprise économique dans la zone. Il n’est pas certain que le marché ait été convaincu. Dans la foulée de la conférence de presse, l’EUR/USD a atteint un point haut à 1,2160, un niveau qui de l’avis de tous les économistes commence à pénaliser la compétitivité de la plupart des pays du sud de l’Union et même de l’économie française.

Le problème pour la BCE, c’est qu’elle dispose actuellement d’assez peu de moyens pour limiter l’appréciation de la paire phare du marché des changes. Comme nous l’indiquions la semaine dernière, la progression de l’EUR/USD reflète une baisse généralisée du dollar américain plutôt qu’un regain de confiance dans l’économie de la zone euro. Historiquement, les banques centrales ont à disposition trois moyens principaux pour limiter la hausse d’une monnaie :

  1. Les interventions verbales, qui peuvent être couronnées de succès, comme ce fut le cas par le passé avec Mario Draghi. Pour l’instant, nous considérons que la BCE va se contenter de ce type d’intervention.
  2. Baisser davantage les taux en territoire négatif, mais cela nuirait au secteur bancaire dans son ensemble. C’est donc une option peu probable à court et à moyen terme.
  3. Intervenir directement sur les changes, comme le fait par exemple la Banque Nationale Suisse, mais c’est fortement improbable. Cette option n’est même pas discutée par les analystes et économistes suivant la BCE.

Par conséquent, il est probable que la BCE ait commencé un bras de fer avec le marché qui pourrait durer, du moins tant que la tendance baissière du dollar américain se poursuit, et induire un regain de volatilité sur la paire EUR/USD. Il faudra donc penser à prendre des couvertures car des mouvements erratiques sont susceptibles de survenir, sur fond de baisse des volumes en cette période de fêtes de fin d’année.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,18201,19701,23281,2582
EUR/GBP 0,87000,88560,93000,9322
EUR/CHF 1,06001,06781,08551,0901
EUR/CAD 1,50851,53231,56471,5798
EUR/JPY 123,38124,83127,22128,14

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Les annonces à suivre

Cette semaine, ce sera le clap de fin pour les banques centrales avec la réunion attendue de la Réserve Fédérale américaine ce mercredi qui sera surveillée de très près par les intervenants du marché. Nous nous attendons au maintien d’un ton particulièrement accommodant, étant donné les risques inhérents à la propagation de la pandémie, ce qui devrait rassurer le marché des changes. Les réunions de la Banque Nationale Suisse et de la Banque d’Angleterre devraient aboutir à un statu quo de politique monétaire. A ce stade, le consensus table sur une action de la Banque d’Angleterre plutôt en janvier, lorsque la période de transition aura pris fin. Sans surprise, la « deadline » d’hier concernant les négociations entre l’UE et le Royaume-Uni n’en était pas une. Les pourparlers, portant notamment sur les dossiers de la pêche et de la gouvernance, vont se poursuivre cette semaine et ce jusqu’au 31 décembre. Etant donné le manque de visibilité sur la question épineuse du Brexit, il faudra être particulièrement vigilant dans les jours et semaines à venir, et penser à se protéger contre tout regain de volatilité sur l’EUR/GBP.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
16/1220:00Réunion de la banque centrale et mise à jour des prévisions économiquesA minima, les cambistes s’attendent à un ton très accommodant (dit, dovish) en raison des incertitudes pesant sur la reprise économique.
17/1208:30Réunion de la banque centralePolitique monétaire inchangée.
13:00Réunion de la banque centralePolitique monétaire inchangée.

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