Un goût de déjà vu

La volatilité sur le marché des changes était particulièrement basse en fin d’année 2021. Sur le mois de décembre, le couloir de fluctuations de l’EUR/USD a atteint seulement 1,3% ce qui constitue un point bas depuis l’introduction de la monnaie unique il y a 22 ans de cela. Le même phénomène était observable sur les autres paires en EUR. A titre d’exemple, l’EUR/JPY a évolué dans une borne de seulement 2%. Pour l’instant, il semble que la propagation du variant Omicron ne constitue pas un sujet d’inquiétude majeur pour les cambistes. Mais il est certainement trop tôt pour savoir les implications exactes sur le système hospitalier et sur l’économie de la nouvelle vague de la pandémie. Le nombre de nouveaux cas quotidiens explose dans plusieurs pays (comme en France) mais le nombre de nouvelles hospitalisations reste contenu pour le moment. Plusieurs études tendent à confirmer l’efficacité des vaccins. Une étude préliminaire menée aux Etats-Unis et publiée le 29 décembre conclut que les personnes vaccinées sont bien protégées contre les formes graves de la pandémie. Elles produisent des anticorps qui sont en mesure de neutraliser les agents pathogènes, y compris en lien avec Omicron. Il faudra surveiller de près dans les jours et les semaines à venir les chiffres des hospitalisations et des décès. Ce sont eux qui vont conditionner la mise en place éventuelle de nouvelles mesures plus strictes de lutte contre la pandémie. On voit cependant mal la France s’orienter vers un nouveau confinement semblable à celui de l’automne 2020 à quelques mois de l’élection présidentielle d’avril.

Sur le front économique, il y a eu peu de statistiques publiées pendant la période des fêtes. Les rares chiffres communiqués concernaient les Etats-Unis. Dans l’ensemble, l’économie américaine continue de bien se porter. Le consommateur américain est résilient et a beaucoup dépensé ces dernières semaines, en dépit du variant et de la hausse de l’inflation. L’entreprise de paiement américaine Mastercard estime que les dépenses effectuées pendant la période des fêtes, du 1er novembre au 24 décembre, ont augmenté de 8,5% par rapport à l’année dernière. Certains secteurs en ont profité plus que d’autres. Les ventes de bijoux ont bondi de 32% tandis que celles d’électronique n’ont augmenté que de 16%. L’activité manufacturière en décembre continue aussi d’être bien orientée. Les indices pour les régions du Texas et du Nord-Est sont ressortis en forte croissance. La hausse du coût des biens intermédiaires est toujours un problème mais cela n’empêche pas le secteur d’afficher de bons résultats et un optimisme certain pour les mois à venir. Les besoins en recrutement sont toujours très élevés, ce qui devrait permettre au chômage de poursuivre sa baisse dans les prochains trimestres aux Etats-Unis.

En ce début d’année 2022, le consommateur doit s’attendre à ce que les industriels répercutent sur les prix à la vente la hausse des coûts liés aux difficultés d’approvisionnement et à l’envolée de la facture d’énergie. C’est le message qu’ont fait passer plusieurs entreprises multinationales ces dernières semaines auprès du public. L’entreprise IKEA est la dernière en date à avoir annoncé une hausse du prix de certains produits au Royaume-Uni. La progression est parfois de l’ordre de 25%. Des responsables politiques et des économistes anglo-saxons envisagent l’introduction d’un contrôle des prix sur certains produits bien spécifiques (essentiellement de première nécessité) pour éviter un appauvrissement des populations les plus fragiles. L’inflation et le pouvoir d’achat seront des thèmes centraux cette année, en France comme ailleurs.

Sur le marché des devises, il n’y a pas eu de changement de tendance notable. Comme nous l’indiquions en introduction, la volatilité était au plus bas pour les paires majeures. Elle était en revanche présente sur les devises exotiques (comme le rouble russe et la lire turque), ce qui est habituel en cette période de l’année. L’EUR/USD a tenté en fin de semaine dernière un rebond technique, dans des volumes très bas. Ce n’est pas significatif tant que la paire reste sous le niveau des 1,14. Nous sommes toujours baissiers à moyen terme sur la paire avec un premier objectif à 1,1230. La tendance est également toujours baissière sur la paire EUR/CHF qui évolue proche de ses points bas de cinq ans. Les interventions de la Banque Nationale Suisse pour limiter l’appréciation du CHF ne sont pas encore efficaces. Elles risquent de s’intensifier dans les semaines à venir. Il faudra donc être très vigilant. Nous pourrions être confrontés à des mouvements abruptes sur le cross en ce début d’année.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,11351,12301,14001,1421
EUR/GBP 0,82870,83000,84370,848
EUR/CHF 1,02881,03261,04291,0481
EUR/CAD 1,42921,43931,45391,4598
EUR/JPY 128,21128,94131,37132,58

+33 (0)1 48 09 09 83

La première semaine de l’année commence avec une succession d’indicateurs économiques de premier plan : l’inflation en zone euro, l’emploi américain et l’évolution des secteurs manufacturier et des services des deux côtés de l’Atlantique. Ces chiffres ne devraient toutefois pas exercer une influence sur la politique monétaire des principales banques centrales. La Réserve Fédérale américaine (Fed) et la Banque Centrale Européenne (BCE) sont en mode pilotage automatique au moins pour les trois mois à venir. La Fed poursuit son tapering (diminution des rachats d’actifs) jusqu’en mars prochain. Aucune hausse du taux directeur n’est à prévoir avant que cette étape n’ait été terminée. Du côté de la BCE, l’inflation est toujours considérée officiellement comme « temporaire ». Un changement du discours à cet égard ne devrait pas avoir lieu avant la réunion de mars de l’institution qui sera l’occasion de publier ses nouvelles projections économiques. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que les banques centrales jouent un rôle majeur dans l’évolution des taux de change dans l’immédiat.

Merci pour votre fidélité.

Nous vous souhaitons, ainsi qu’à vos proches, une heureuse année 2022 !

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
03/0109:55PMI manufacturier (Décembre)Consensus à 57,9 (conforme à la précédente estimation).
16:00ISM manufacturier (Décembre)Baisse à 60,5 contre 61,1 précédemment.
04/0110:30PMI manufacturier (Décembre)Consensus à 57,6 (conforme à la précédente estimation).
05/0114:15Créations d’emplois non agricoles ADP (Décembre)Les analystes anticipent 450 000 créations d’emplois, une forte baisse par rapport à novembre (534 000).
16:00ISM non manufacturier (Décembre)Consensus à 67,0 contre 69,1 précédemment.
07/0111:00Indice des prix à la consommation (Décembre)Hausse à 4,8% en variation annuelle (contre 4,9% précédemment).
14:30Créations d’emplois dans le secteur non agricole – chiffres officiels (Décembre)Les créations d’emplois sont attendues en rebond à 425 000 en décembre. Le taux de chômage est prévu de nouveau en baisse, à 4,1%.

Les informations présentées sur cette publication, vous sont communiquées à titre purement informatif et ne constituent ni un conseil d’investissement, ni une offre de vente, ni une sollicitation d’achat, et ne doivent en aucun cas servir de base ou être pris en compte comme une incitation à s’engager dans un quelconque investissement.