Il n’y avait pas l’actualité économique habituelle la semaine dernière pour faire bouger les devises. C’est donc l’analyse technique qui a été le moteur d’évolution principal sur le Forex. Cela pourrait être encore en partie le cas cette semaine. La baisse observée de l’EUR/USD traduit surtout des facteurs techniques. De notre point de vue, les fondamentaux économiques plaident plutôt en faveur d’une appréciation à long terme de la monnaie unique.
Si on devait résumer les dernières séances, nous étions confrontés à un marché technique. Les indicateurs macroéconomiques étaient en second plan. Les banques centrales n’ont pas réservé de surprise particulière. Ce sont donc les niveaux techniques (supports, résistances en particulier) qui ont exercé une influence notable sur la trajectoire des devises. Il y a bien eu quelques nouvelles sur le front économique. Mais rien qui ne soit nouveau. Des deux côtés de l’Atlantique, les surprises économiques se dégradent. Cela reflète un consensus trop optimiste. Fin d’année 2022, les analystes étaient unanimement trop pessimistes (récession en zone euro et aux Etats-Unis, grave crise énergétique européenne etc.). Maintenant, c’est le travers inverse qui domine. Ils sont trop optimistes. Résultats : les chiffres économiques qui sont annoncés sont en-dessous des attentes. Il est toutefois trop tôt pour que cela engendre un changement de posture de la part des banques centrales. La Réserve Fédérale américaine (Fed) va poursuivre la pause au moins pendant l’été voire au-delà. Du côté de la Banque Centrale Européenne (BCE), le durcissement monétaire reste la norme. Il ne fait aucun doute qu’une nouvelle hausse de taux de 25 points de base sera annoncée en juin. En revanche, les analystes sont partagés sur la suite. Selon un sondage Reuters menée auprès de 62 experts économiques et financiers et publié la semaine dernière, ils sont 42 à prévoir une nouvelle hausse des taux en juillet (25 points de base). Pour la majorité, ce sera à ce moment-là que sera atteint le taux terminal. Cinq analystes sont hors consensus et tablent sur une hausse également en septembre. En revanche, ils sont tous unanimes sur le fait que la cible d’inflation à 2% ne sera pas atteinte cette année (c’est évident) et pas l’année prochaine non plus. Dans le meilleur des cas, ce sera en 2025. Cela signifie qu’il va falloir encore vivre dans un environnement marqué par une inflation douloureusement élevée pendant longtemps. Une note positive sur la zone euro : les termes de l’échange continuent de s’améliorer, avec le retour d’un excédent budgétaire en mars après dix-sept mois de déficit lié au choc énergétique. C’est une bonne nouvelle sur le plan macroéconomique. Mais c’est également une bonne nouvelle pour l’euro puisque c’est un facteur de soutien structurel du taux de change.
Hors zone euro, c’est la Chine qui a inquiété la semaine dernière. La paire USD/CNH, qui est suivie de près comme un baromètre de l’état de l’économie chinoise, a franchi pour la première fois cette année le seuil symbolique des 7. Les investisseurs et les acteurs économiques sont de plus en plus sceptiques quant à la vitalité de la reprise économique chinoise. En début d’année, les investisseurs tablaient tous sur une reprise significative portée par la consommation. Pour l’instant, cela tarde à se matérialiser. La demande ne décolle pas (d’où la forte contraction des importations chinoises en avril). Mais en plus le secteur de l’immobilier montre des signes inquiétants de ralentissement (baisse des investissements). C’est un point noir majeur puisque le moteur de la Chine reste toujours l’immobilier (malgré les déboires de beaucoup d’acteurs du secteur comme Evergrande). Le marché des changes prévoit que la phase de dépréciation du CNH ne fait que commencer. Cela permet de soutenir les exportations en complément des mesures de soutien mises en œuvre par les gouvernements locaux sur ordre du gouvernement central. Il est aussi probable que la banque centrale chinoise annonce incessamment des injections de liquidité pour faciliter le crédit (cela peut passer par une baisse du taux de réserve obligatoire des banques – un outil monétaire utilisé abondamment en Chine mais abandonné dans les pays développés). Il est évident en tout cas que la lenteur de la reprise chinoise constitue un sérieux point d’incertitude macroéconomique pour la deuxième partie d’année.
Outre la faiblesse de la dynamique de croissance dans beaucoup de zones, ce qui nous préoccupe le plus chez Mondial Change c’est la crainte que l’inflation ne redémarre une fois que les banques centrales aient mis sur pause leur politique monétaire. C’est ce qu’on constate au Canada. La banque centrale du pays a appuyé sur le bouton pause considérant que les pressions inflationnistes étaient en train de régresser pour de bon. Malheureusement, les dernières statistiques montrent une nouvelle augmentation de l’inflation. C’est un sujet à surveiller de près dans les mois à venir.
Le point technique
Sur le marché des changes, la baisse de l’euro face au dollar américain a été le principal évènement de la semaine passée. L’euro a cassé la zone de support située à 1,0788 (point bas du 3 avril dernier) lors de la séance de jeudi. Le mouvement baissier demeure à court terme si on en juge par l’analyse technique. Le principal niveau de support à prendre en compte se situe à 1,0670. Cette baisse de la monnaie unique reflète surtout une appréciation inattendue du dollar américain. Cela ne traduit en rien, à ce stade, une méfiance quelconque à l’égard de la monnaie unique. A long terme, la tendance est toujours haussière sur l’EUR/USD tant qu’il n’y a pas de franchissement de la zone de support à 1,0460 (c’est un objectif très lointain, on en conviendra).
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0634 | 1,0670 | 1,9089 | 1,1020 |
EUR/GBP | 0,8509 | 0,8540 | 0,8757 | 0,8990 |
EUR/CHF | 0,9540 | 0,9650 | 0,9889 | 0,9900 |
EUR/CAD | 1,4399 | 1,4420 | 1,4654 | 1,4890 |
EUR/JPY | 145,30 | 147,40 | 150,45 | 152,50 |
Les annonces à suivre
Il n’y a pas de grande statistique prévue à l’agenda cette semaine. La seule réunion de banque centrale proche de nous est en Hongrie. Ce ne sera pas un market mover, évidemment. En zone euro, l’indice IFO du climat des affaires peut faire bouger l’EUR/USD de quelques pips. Mais cela ne change jamais la trajectoire à court et à moyen terme de la paire. L’indice PCE core aux Etats-Unis en fin de semaine sera surveillé par les économistes (car c’est un indicateur qui permet de percevoir les pressions inflationnistes structurelles). Mais ce n’est pas un market mover non plus. Autrement dit, nous restons certainement face à un marché essentiellement technique cette semaine encore.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 23/05/2023 | 09:30 | ALL | PMI manufacturier (Mai) | Consensus à 45,7 contre 44,5 précédemment. |
Le 24/05/2023 | 10:00 | ALL | Indice IFO du climat des affaires (Mai) | Consensus à 94 contre 93,6 précédemment. |
Le 25/05/2023 | 08:00 | ALL | PIB allemand au premier trimestre | Contraction à -0,2%. |
Le 26/05/2023 | 14:30 | USA | Indice PCE core (Avril) | Consensus à 0,3%. C’est une statistique importante car elle est regardée de près par la banque centrale américaine. |
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