Un soutien constant des banques centrales

Le point macro

La réunion de la Réserve Fédérale devait être un non-évènement pour les cambistes. Il n’en fut rien. J. Powell a surpris les opérateurs du marché des changes en adoptant un ton particulièrement prudent concernant la trajectoire de la reprise, soulignant notamment les risques baissiers qui pèsent en lien avec l’expansion de la pandémie aux Etats-Unis. Il a également évoqué quelques tensions inflationnistes, qui pourraient résulter du plan de relance de l’administration Biden et d’une hausse de l’inflation par les coûts causée par des goulots d’étranglement au niveau du commerce maritime, mais qui n’est pas prompte à changer la trajectoire de la politique monétaire américaine. Même en cas de hausse de l’inflation dans les mois à venir, la Réserve Fédérale n’envisage pas d’augmenter les taux directeurs et va continuer de soutenir l’économie via son programme de rachats d’actifs (appelé QE) à hauteur de 120 milliards de dollars par mois. A cela devrait s’ajouter une plus étroite coopération avec le Trésor américain, dirigé par l’ancienne présidente de la Fed J. Yellen, qui n’est pas sans rappeler ce qui préexistait jusqu’aux années 50 outre-Atlantique. Cette coopération étroite entre la banque centrale et le Trésor devrait garantir que la reprise, même si elle est un peu repoussée à cause de la pandémie, soit suffisamment forte en amplitude pour effacer les traces sur l’économie du virus.

Sur le front de la pandémie subsistent encore des incertitudes à propos des variants, mais il y a également quelques bonnes nouvelles : Pfizer prépare des vaccins boosters pour les variants, le vaccin développé par AstraZeneca serait efficace à 100% dès la première dose en cas d’hospitalisation et afin de faire face aux difficultés de production, Sanofi a décidé de s’associer à Pfizer. Enfin, point peut-être le plus important, Israël, qui sert de laboratoire mondial pour le processus de vaccination, montre de manière exemplaire l’efficacité des vaccins pour contenir la pandémie. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas de difficultés dans les semaines et mois à venir, avec potentiellement des mesures restrictives plus significatives prises dans certains pays, mais cela montre qu’il y a une sortie possible à la crise.

Le point technique

Sur le marché des changes, l’attention s’est essentiellement portée sur la paire EUR/USD, non pas parce qu’elle aurait connu une volatilité importante au cours de la semaine passée (elle a continué d’évoluer dans la borne des 1,20-1,22) mais bien plus parce qu’elle a été au cœur des interventions de plusieurs membres du Conseil des Gouverneurs de la BCE. L’intervention la plus remarquée fut celle de K. Knot (représentant de la banque centrale des Pays Bas) qui a regretté que le marché ne prenne pas au sérieux les mises en garde de l’institution concernant une possible intervention pour faire baisser le taux de change de la monnaie unique. Deux leviers pourraient être privilégiés dans cette perspective : une baisse des taux, avec un effet incertain sur l’évolution du taux de change, et une intervention directe sur les changes, à l’instar de ce que fait la Banque Nationale Suisse. Cette dernière option semble peu vraisemblable. La dernière fois que la BCE ait agi ainsi, de manière unilatérale, c’était en 2000 pour soutenir le taux de change de la paire EUR/USD. Une intervention directe sur le Forex ne fait pas partie des outils habituels déployés par la banque centrale. Nous continuons de penser qu’elle va se borner à des interventions verbales, avec un effet faible sur l’évolution de la paire.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,18661,20021,22741,2411
EUR/GBP 0,86630,86930,89790,9074
EUR/CHF 1,06001,06611,08761,0966
EUR/CAD 1,51871,53431,56611,5935
EUR/JPY 124,62125,45128,01128,55

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Les annonces à suivre

Cette semaine sera consacrée essentiellement aux statistiques aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, le calendrier économique étant plutôt restreint en zone euro. Le point d’orgue habituel de la semaine sera évidemment le rapport sur l’emploi américain qui sera publié vendredi. Après un mois de décembre décevant sur le front des créations d’emplois (-123k), le consensus table sur un rebond faible à +65k en janvier. Ce serait une performance décevante pour l’économie américaine qui reste pénalisée à la fois par la hausse des cas de Covid et la mise en œuvre, au niveau local, de mesures plus strictes de distanciation sociale. A noter enfin que la Banque d’Angleterre doit se réunir ce jeudi avec vraisemblablement le maintien en l’état de son programme de rachats d’actifs. La mise en place d’un taux négatif, qui est évoqué de manière plus ou moins régulière depuis l’été, ne semble pas être d’actualité. Le vrai levier de relance de l’économie britannique reste le levier fiscal, avec notamment la présentation du Budget par le Chancelier de l’Echiquier au début du mois de mars.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
01/0216:00Indice ISM manufacturier (Janvier)Consensus à 60,5 contre 60,7 précédemment.
03/0214:15Création d’emplois non agricoles ADP (Janvier)Le marché s’attend à une hausse à 65k contre 123 000 destructions d’emplois en décembre.
04/0213:00Décision de politique monétaireStatu quo au niveau de la politique monétaire (taux à 0,10%).
05/0214:30Rapport sur l’emploi (Janvier)Les créations d’emplois sont prévues en progression à 68k et le taux de chômage stable à 6,7% de la population active.

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