La semaine passée se résume à une accumulation de statistiques décevantes pour l’économie américaine. Cela a immédiatement fait ressurgir la crainte d’une récession. Le dollar en a pâtit. S’ajoute aussi à cela la saisonnalité. La devise américaine a tendance à baisser en avril avant que ne s’opère un rattrapage en mai. Toutefois, nous doutons qu’il y ait suffisamment de catalyseurs à la hausse pour que l’EUR/USD réussisse durablement à s’affranchir de la zone située à 1,10 à court terme.
Avant d’entrer dans le détail du point macro, nous souhaitions nous adresser à vous. Nous avons beaucoup de retours positifs sur l’Hebdo devises et nous vous en remercions. Si vous êtes un lecteur assidu de cette lettre de marché c’est que vous êtes certainement concerné par les paiements internationaux et la gestion du risque de change. C’est d’ailleurs là nos sujets d’expertise avant même de fournir de l’information de marché. En tant que Courtier en Opérations de Banque et Service de Paiements et Conseiller en Investissement financier, Mondial Change accompagne avec succès plus de 1 000 entreprises dans la gestion de leurs opérations en devises étrangères. Notre réseau de partenaires nous permet de répondre à toutes vos problématiques : lignes de change à terme, architecture de comptes en devises, opérations sur devises exotiques, couvertures de change et restructurations, connectiques ERP, conseils… le tout en vous proposant des spreads très attractifs pour vos exécutions.
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C’était plutôt une mauvaise semaine pour l’économie américaine (à l’exception du rapport sur l’emploi de vendredi dernier). L’indice ISM manufacturier, l’indice ISM non manufacturier (qui porte sur le secteur stratégique des services), l’enquête ADP sur l’emploi privé et les nouvelles offres d’emploi sont tous ressortis nettement inférieurs au consensus. Au niveau du secteur des services, les nouvelles commandes ont tellement chuté que cela a quasiment effacé la bonne performance du mois de janvier. Les nouvelles offres d’emploi (qui permettent de juger à quel point le marché du travail est en situation de surchauffe) ont chuté à 9,93 millions en février contre un chiffre attendu à 10,5 millions. La bonne nouvelle, si on peut dire, c’est que les pressions inflationnistes commencent logiquement à s’atténuer (c’est attendu si la dynamique économique ralentit). Les prix payés au niveau du secteur manufacturier ont chuté en territoire de contraction au mois de mars (49,2 après 51,3 en février). Sans surprise, ces mauvais chiffres ont alimenté les craintes de récession outre-Atlantique. Ils ont aussi modifié les attentes en termes de positionnement de la Réserve Fédérale américaine (Fed). Il n’y a pas de réunion du FOMC (l’organe qui décide de la politique de taux directeurs) en avril. Le prochain rendez-vous est fixé au mois de mai. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le marché des changes est partagé concernant l’issue de la réunion. En se basant sur les contrats futures du marché monétaire, 50 % des investisseurs considèrent que la Fed va augmenter son taux directeur. Le reste anticipe qu’elle va effectuer une pause (ce qui constituerait un pivot par rapport à la politique monétaire jusqu’à présent suivie). Pire : les investisseurs prévoient que le taux directeur de la Fed sera à 4,18% en décembre prochain. Cela signifie qu’ils considèrent que la banque centrale américaine n’aura pas d’autre choix que de baisser ses taux cette année (le taux directeur se situe actuellement dans une fourchette comprise entre 4,75% et 5%). Les anticipations du marché évoluent fortement au gré des indicateurs. Bien qu’elles exercent une influence certaine sur l’évolution à court terme des paires de devises (ce fut le cas la semaine dernière pour l’EUR/USD notamment), leur impact est faible sur le long terme. De notre point de vue, même si l’économie américaine montre des signes évidents de ralentissement (qui vont sûrement s’accentuer à court terme en raison de la restriction du crédit), rien ne permet d’anticiper une récession et donc encore moins une baisse des taux directeurs afin de soutenir l’économie américaine. Comme l’ont rappelé plusieurs membres du FOMC au cours des dernières séances, il est encore trop tôt pour préjuger de l’évolution de la politique monétaire américaine. La visibilité est faible pour la réunion du mois de mai prochain. Comment savoir où sera l’économie américaine en fin d’année ?
L’absence de visibilité économique fait que les décisions des banques centrales sont désormais moins prévisibles (en théorie, cela induit plus de volatilité sur les monnaies). C’est le principal enseignement que nous retenons de la semaine dernière. La Banque de Réserve d’Australie devait augmenter son taux directeur de 25 points de base. Elle a finalement décidé d’opérer une pause de politique monétaire. A l’inverse, la banque centrale de Nouvelle Zélande a effectué une hausse plus importante que prévu des taux (50 points de base contre un consensus à 25 points de base). On observe une divergence assez rare au niveau de la politique monétaire entre l’Australie et la Nouvelle Zélande. C’est un signal faible qui indique que d’autres banques centrales pourraient surprendre dans les mois à venir – en fonction de l’appréciation qu’elles auront de la dynamique de croissance et de la dynamique d’inflation. En Australie, la banque centrale juge que les pressions inflationnistes diminuent suffisamment et que le processus de baisse va perdurer. En Nouvelle-Zélande, sa consœur considère qu’il faut encore davantage monter le loyer de l’argent pour que l’inflation reflue. Il n’y a pas de bonne méthode. Nous sommes dans une phase d’expérimentation à ce niveau. A moyen terme, cela pourrait aboutir à un retour durable de la volatilité et des stratégies de carry trade qui permettent de profiter des différentiels de taux d’intérêt entre les monnaies (ce type de stratégie est encore opérationnel sur le yen qui souffre de taux ultra-bas)
Le point technique
Sur le marché des changes, l’EUR/USD a tenté de s’affranchir de la zone des 1,0930-35 sans réellement réussir. La paire reste toujours sous les 1,10. L’euro a bénéficié toutefois d’un contexte de marché favorable la semaine passée. En lien avec les informations macroéconomiques que nous avons évoquées en introduction, les cambistes tablent sur le maintien du processus de durcissement monétaire de la Banque Centrale Européenne (BCE) alors que la Fed pourrait enclencher une pause. Le dollar est également globalement faible en cette période (effet de saisonnalité). Mais, point important, après la traditionnelle baisse du mois d’avril, un rattrapage a habituellement lieu en mai pour le dollar. Si on tient compte que les anticipations des marchés sont amenées à fluctuer en fonction des nouvelles statistiques qui vont tomber et que la saisonnalité va de nouveau probablement avantage le dollar le mois prochain, on peut douter que le mouvement haussier de l’EUR/USD observé récemment soit durable et l’EUR/USD manque encore de catalyseur pour réellement aller au-dessus des 1,10.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
---|---|---|---|---|
S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0770 | 1,0811 | 1,1077 | 1,1234 |
EUR/GBP | 0,8613 | 0,8690 | 0,8920 | 0,8990 |
EUR/CHF | 0,9700 | 0,9720 | 1,0001 | 1,0103 |
EUR/CAD | 1,4324 | 1,4500 | 1,4879 | 1,464 |
EUR/JPY | 138,90 | 141,30 | 144,56 | 147,00 |
Les annonces à suivre
C’est une semaine calme sur le front des statistiques qui commence. Sauf écart important par rapport au consensus, l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis au mois de mars devrait ressortir stable à 6% en variation annuelle (première estimation). Si c’est le cas, cela ne devrait pas beaucoup influencer le positionnement de la Fed à court terme. La Banque du Canada (BoC) est la seule grande banque centrale à se réunir cette semaine. Mais il n’y a rien à attendre. Elle est en mode pause. Enfin, les opérateurs regarderont d’un œil l’indice des prix à la production au mois de mars aux Etats-Unis ce jeudi. Il est peu probable que ce soit un market mover. Il s’agit toutefois d’une statistique intéressante pour les économistes car elle permet d’avoir une idée des pressions inflationnistes qui pourraient être répercutées sur les consommateurs à court terme.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 12/04/2023 | 14:30 | USA | Indice des prix à la consommation (Mars) | Le consensus des analystes prévoit un chiffre à 6% en rythme annuel (stable). |
Le 12/04/2023 | 16:00 | CAN | Réunion de la banque centrale | Aucun changement de politique monétaire. |
Le 12/04/2023 | 20:00 | USA | Compte-rendu de la réunion du FOMC | L’enjeu est de savoir comment se profile la courbe d’évolution des taux dans un contexte incertain pour le secteur financier. |
Le 13/04/2023 | 14:30 | USA | Indice des prix à la production (Mars) | Précédent : -0,1% sur un mois. |
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