Une meilleure semaine

L’euro a le vent en poupe en ce moment, avec de solides performances face au dollar américain et au yen japonais, par exemple. C’est le différentiel de politique monétaire qui est désormais le marqueur principal sur le Forex. Cela risque de réactiver les stratégies de carry trade qui étaient tombées en désuétude du fait des taux ultra-bas au cours des dernières années.

Nous avons une bonne nouvelle à partager avec vous. L’inflation aux Etats-Unis a très fortement ralenti au mois de février. L’indice des prix à la consommation, qui sert de principale référence, est ressorti à 5% en variation annuelle contre 6% en février dernier. Il s’agit de la plus faible progression en glissement annuel depuis mai 2021. Il y a moins d’un an de cela, l’inflation était encore au-delà de 9% aux Etats-Unis. La baisse n’est pas complètement une surprise. Elle reflète essentiellement la conjonction de deux facteurs : le repli des prix de l’énergie et l’effet de base (qui est une donnée importante à prendre en considération aussi pour expliquer la dynamique d’inflation en zone euro). Toutefois, les experts restent prudents. La récente décision de l’OPEP+, le cartel des pays producteurs de pétrole, de réduire la production risque d’entraîner à la hausse les prix de l’essence dans les mois à venir. Cela pourrait conduire à ce que l’inflation augmente de nouveau et que la consommation soit un peu en berne. On sait que le consommateur américain est très réceptif à toute envolée des prix à la pompe (notamment parce que de l’autre côté de l’Atlantique, il n’y a quasiment pas de taxe). Ce bon chiffre (car il faut reconnaître que c’est un bon chiffre) ne permet toutefois pas de soulever les incertitudes concernant l’évolution de la politique monétaire américaine à court terme. Au cours des dernières séances, plusieurs membres du FOMC (l’organe chargé de la politique de taux aux Etats-Unis) ont soufflé le chaud et le froid sur l’amplitude de hausse des taux à venir. Le président de la Fed de New York, John Williams, a indiqué que la banque centrale américaine a encore du travail à accomplir afin que les pressions inflationnistes se réduisent durablement. Il semble opter pour au moins une hausse de taux supplémentaire avant une pause qui pourrait être de courte durée en fonction des indicateurs macroéconomiques qui tomberont. A l’inverse, le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee (qui est un membre votant du FOMC cette année) a semblé plus prudent. Il s’est inquiété des perturbations au niveau des banques régionales qui pourraient faire fléchir plus que prévu la croissance économique américaine (en raison d’une baisse de l’octroi de crédits). Il a donc plaidé pour la plus grande vigilance avant d’augmenter de nouveau les taux. Pour l’instant, le marché monétaire table toujours majoritairement sur une hausse de 25 points de base du taux directeur en mai prochain. Mais les choses peuvent évoluer rapidement. Rien n’est acquis. Pour le marché des changes, cela signifie a minima que la volatilité va être fortement présente dans les semaines à venir sur les paires en USD.
De l’autre côté du globe, l’évolution de la politique monétaire est plus certaine, en revanche. Le nouveau gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Kazuo Ueda (successeur de Kuroda) a donné sa première conférence de presse officielle. C’était un non-évènement. Il a soigneusement évité d’ouvrir la porte à un quelconque ajustement à court terme de la politique ultra-accommodante (qui a de quoi surprendre alors que toutes les autres banques centrales sont sorties de la politique de taux négatifs). Il a également indiqué maintenir la politique de contrôle de la courbe des taux (ce dispositif empêche toute hausse durable sur les obligations souveraines du Japon). La prochaine réunion de la BoJ, qui est prévue les 27 et 28 avril, ne devrait donc pas réserver de surprise importante. Tant que la politique monétaire japonaise est inchangée, nous pensons que le yen japonais n’est pas en mesure de rebondir durablement face à l’euro (à moins que le risque géopolitique revienne sur le devant de la scène). Beaucoup d’analystes s’attendent à ce que le Japon s’aligne progressivement sur les autres banques centrales à partir du deuxième semestre de cette année. Ce sont souvent les mêmes qui prévoyaient une hausse des taux dès le mois de janvier dernier. Evidemment, elle n’a pas eu lieu. Nous nous gardons donc de toute supposition fondée sur rien. A l’instant T, le Japon reste sur la même approche monétaire qu’au cours des années passées et rien n’indique dans les prises de parole des officiels qu’il y ait un changement imminent.

Le point technique

Sur le marché des changes, c’est le différentiel de politique monétaire qui a été le principal moteur d’évolution des devises. En lien avec la baisse de l’inflation aux Etats-Unis (que nous avons évoquée plus haut), les cambistes prévoient désormais que la Banque Centrale Européenne pourrait augmenter plus fortement sa politique monétaire que sa consœur américaine ce qui a alimenté l’intérêt pour la monnaie unique au cours des séances passées. Du point de vue de l’analyse technique, l’EUR/USD pourrait monter jusqu’à la zone des 1,1200-10 à moyen terme étant donné qu’il n’y a pas de résistance majeure avant qui pourrait freiner l’impulsion haussière. Sans surprise, l’euro a également gagné beaucoup de terrain face au yen japonais (+1,7% sur les cinq dernières séances). La politique monétaire ultra-accommodante du Japon est un frein sérieux pour le yen.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,07201,08561,12101,1455
EUR/GBP 0,87300,87920,90010,9099
EUR/CHF 0,97480,97890,99311,0022
EUR/CAD 1,44291,45741,48621,5002
EUR/JPY 142,88144,97149,15152,80

Les annonces à suivre

Il y a beaucoup de statistiques dans les jours à venir. Mais la réalité c’est que peu d’entre elles sont susceptibles de faire vraiment bouger le marché des changes. Les indicateurs PMI en fin de semaine pour le mois d’avril peuvent entraîner à la marge de la volatilité sur les paires en EUR, mais jamais dans des proportions importantes. L’inflation en zone euro est aussi au programme. Il s’agit de la dernière estimation qui est habituellement en ligne avec la précédente (dans le cas présent, le consensus est à 6,9% en variation annuelle). Ce sera donc plutôt calme sur le front des indicateurs et également des banques centrales (puisqu’il n’y a pas de réunion importante prévue). En revanche, on restera toujours attentif au stress bancaire qui pourrait de nouveau surgir.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 18/04/202311:00ALLIndice ZEW du sentiment économique (Avril)Fort rebond attendu à 17,1 contre 13,0.
Le 19/04/202311:00EURIndice des prix à la consommation (Mars)Consensus à 6,9% sur un an.
Le 20/04/202314:30USAIndice manufacturier de la Fed de Philadelphie (Avril) Les analystes prévoient un chiffre à -15,6 contre -23,2 en mars. C’est donc une nette amélioration.
Le 21/04/202309:30ALLPremière estimation des indicateurs PMI (Avril)Le PMI manufacturier (qui est le plus observé par le marché) était ressorti à 44,7 en mars.

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