Bras de fer entre la BCE et le marché des changes

Le point macro

Après une année noire, l’économie mondiale voit enfin le bout du tunnel avec le début du processus de vaccination aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, avant qu’il ne démarre dans les prochains jours en Europe continentale. La vaccination de masse qui est engagée devrait cependant avoir peu d’effets positifs sur le premier trimestre de l’année prochaine et ce n’est qu’à partir de l’été 2021 que le seuil d’immunité collective devrait être atteint dans la plupart des pays développés. D’ici là, il faudra continuer à vivre avec le virus et avec les perturbations économiques qu’il engendre, notamment de nouvelles phases de confinement plus ou moins strictes. D’autres pays devraient suivre la voie de l’Allemagne qui a décidé la semaine dernière la mise en œuvre d’un nouveau confinement jusqu’au 10 janvier afin de réduire la propagation du virus. Il est donc vraisemblable que le rebond économique important anticipé par les économistes à partir du premier trimestre 2021 n’ait pas lieu ou qu’il soit reporté au milieu d’année prochaine. De notre point de vue, le vaccin est le meilleur plan de relance qu’il soit. En limitant la propagation de la pandémie, il permettra de rétablir la confiance – si importante en économie – et de libérer toute l’épargne qui a été accumulée au cours des derniers mois par les consommateurs des deux côtés de l’Atlantique. Ainsi, aux Etats-Unis, un montant record de 2930 milliards USD a été épargné en agrégé sur la seule période janvier à octobre. Dès que ce montant, même partiellement, sera réinjecté dans l’économie, on peut espérer une hausse importante de la croissance. Evidemment, afin de soutenir l’économie en phase de reprise, les banques centrales devraient continuer de tout faire pour maintenir des conditions de financement particulièrement attractives, permettant ainsi aux Etats de s’endetter à bas coût pour soutenir l’économie en phase de convalescence. C’est peu ou prou le message qui a d’ailleurs été tenu par la Réserve Fédérale américaine lors sa dernière réunion de politique monétaire de l’année, faisant ainsi écho à ce qu’avait dit il y a quelques semaines de cela la BCE.

Le point technique

Sur le marché des changes, la hausse de l’EUR/USD commence de plus en plus à être un problème pour la BCE. La monnaie unique a connu une échappée au-dessus des 1,22 la semaine dernière et affiche désormais une progression de quasiment +10% face au dollar américain sur les six derniers mois. Lors d’une récente interview, le gouverneur de la Banque de France a confirmé que la BCE se tient prête à utiliser tous les instruments à sa disposition pour limiter l’impact négatif de la hausse de l’euro sur la reprise économique. Cependant, comme nous le soulignions la semaine dernière, la BCE dispose finalement d’assez peu d’instruments à mobiliser dans le cadre de ce bras de fer qu’elle mène avec le marché. Avec la baisse des volumes échangés qui va survenir dès cette semaine, il faudra être particulièrement vigilant car nous pourrions assister à un rebond de la volatilité, d’où l’importance de bien penser à opter pour une stratégie de couverture contre le risque de change en cette période particulière de l’année.

La paire EUR/GBP a été aussi à l’honneur la semaine passée, non pas à cause des négociations interminables portant sur le Brexit, mais du fait de la réunion de la Banque d’Angleterre. Comme prévu, la banque centrale anglaise a maintenu sa politique monétaire inchangée, avec un taux directeur à 0,1% et la poursuite de son programme de rachats d’actifs portant sur un montant de 895 milliards GBP. Du fait des mesures de soutien mises en œuvre depuis le début de la crise, le bilan de la banque centrale a fortement augmenté, pour atteindre désormais un record à 36,5% du PIB britannique. L’EUR/GBP continue d’évoluer dans son range des dernières semaines compris entre 0,89 et 0,91, mais on peut aisément anticiper un regain de volatilité lorsqu’on aura plus de visibilité sur la période post-Brexit.

Enfin, le Trésor américain a ajouté la semaine dernière la Suisse sur sa liste de pays manipulant leur monnaie, ouvrant ainsi la porte à d’éventuelles sanctions à long terme si aucun terrain d’entente n’est trouvé entre Washington et Zurich. La Banque Nationale Suisse a immédiatement réagi, en récusant les accusations et en continuant d’affirmer qu’elle poursuivrait la même politique monétaire qu’elle a mené récemment. L’impact sur la paire EUR/CHF était quasiment nul, celle-ci évoluant toujours autour des 1,08.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,20051,20591,23281,2582
EUR/GBP 0,86300,88770,92640,9370
EUR/CHF 1,06961,07371,09381,1000
EUR/CAD 1,53151,53891,58041,5900
EUR/JPY 125,22125,61127,13128,09

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Les annonces à suivre

Cette semaine, la principale thématique pour le marché des changes sera le vaccin. C’est le 23 décembre que l’Agence européenne des médicaments devrait donner son aval à la commercialisation marketing du vaccin de Pfizer et une autre réunion similaire est également prévue le 6 janvier prochain concernant le vaccin développé par Moderna. Même si les effets concrets sur la pandémie ne seront pas perceptibles immédiatement, ces bonnes nouvelles à propos du vaccin continuent d’alimenter l’appétit au risque et figurent parmi les facteurs poussant à la baisse le dollar américain sur le marché des changes. A noter enfin que la saga du Brexit continue avec toujours les mêmes problèmes sur la table. Nous y reviendrons lorsque nous aurons plus de visibilité sur la suite des relations Royaume-Uni / UE. D’ici là, comme l’a parfaitement résumé Paul Donovan, économiste chez UBS, « la meilleure stratégie est d’ignorer toutes les rumeurs et les commentaires politiques à propos du Brexit ».

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
22/1214:30Dernière estimation du PIB au troisième trimestreLe consensus table sur une hausse à 33,1% (soit stable par rapport à l’estimation précédente).
23/1214:30Commandes de biens durables (Novembre)Consensus à 0,6% contre 1,3% précédemment.

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