Douche froide

Le point macro

Encore une fois, les économistes et les analystes ont montré leur totale incapacité à prévoir de manière fiable l’évolution de l’économie dans cette phase de réouverture. On ne peut pas les blâmer, l’exercice est compliqué. La semaine dernière, l’électrochoc est venu du chiffre de l’inflation aux Etats-Unis en juin. Tout le monde s’attendait à ce que l’inflation reste à un niveau élevé – mais pas si élevé. L’indice des prix à la consommation a atteint un pic à 5,4% le mois dernier sur un an – soit la plus forte progression sur une telle période depuis août 2008. En excluant les biens et les produits les plus volatils, l’inflation dite sous-jacente atteignait 4,5% par rapport à juin 2020. Là encore, il s’agit d’une hausse qui n’avait pas été observée depuis des décennies, en l’occurrence depuis novembre 1991 ! Cette progression aussi forte a fait flancher plusieurs marchés financiers. Sur le marché des changes, immédiatement après l’annonce, l’EUR/USD a enfoncé le seuil des 1,18. Une forte inflation renforce les attentes concernant un tapering aux Etats-Unis ce qui, en théorie, soutient le dollar américain face aux autres monnaies. C’est ce qui explique le mouvement qui a pu être constaté sur l’EUR/USD en milieu de semaine dernière.

Il est indéniablement trop tôt pour savoir quelle lecture la Réserve Fédérale américaine va faire de ces chiffres. Si on regarde dans le détail, la hausse de l’inflation est essentiellement due à une minorité de catégories (principalement les véhicules d’occasion, les chambres d’hôtels ou encore les billets d’avion). Au final, six catégories ont représenté près de 55% de la hausse de l’inflation en juin. Sans surprise, toutes ces catégories, sans exception, sont directement affectées par la réouverture post-Covid à l’œuvre depuis le mois d’avril dernier. A priori, ces tensions inflationnistes ne sont pas amenées à durer, ce qui corrobore le scénario officiel de la banque centrale américaine selon lequel l’inflation élevée est transitoire. Attention toutefois, dans les données communiquées la semaine dernière pour le mois de juin, si on étudie tout bien dans le détail, on remarque qu’il existe des domaines où il y aura certainement une pression inflationniste continue. Reste maintenant à savoir s’il y a un risque réel que cela fasse dérailler les prévisions d’inflation de la Réserve Fédérale. A minima, il parait évident que les tensions au niveau des prix vont alimenter encore davantage les échanges entre membres du comité de politique monétaire lors de la réunion prévue les 27 et 28 juillet prochains. Cependant, la banque centrale a tout intérêt à ne pas se précipiter et à attendre d’avoir plus de données pour faire un diagnostic le plus fiable possible concernant la trajectoire économique et des prix. Dit autrement, ce n’est certainement pas avant Jackson Hole (fin août) voire plus probablement la réunion des 21 et 22 septembre prochains que la banque centrale ajustera son forward guidance en tenant compte des dernières évolutions sur le terrain de l’inflation.

Comme on le sait déjà depuis plusieurs années, il n’y a jamais d’été tranquille sur le marché des changes. La thématique inflationniste va rester au cœur des préoccupations des cambistes dans les semaines et les mois à venir. Il faudra donc être particulièrement vigilant concernant les publications portant sur l’évolution des prix outre-Atlantique qui figurent à l’agenda économique. La prochaine échéance à bien garder en tête sera le 11 août prochain avec la première estimation de l’indice des prix à la consommation pour le mois de juillet. Du côté de la zone euro, l’inflation est clairement un sujet beaucoup plus mineur. En outre, la Banque Centrale Européenne a été suffisamment explicite il y a moins d’une dizaine de jours de cela sur le fait que, dans l’immédiat, la politique monétaire reste inchangée dans les grandes lignes – c’est-à-dire toujours ultra-accommodante.

Le point technique

A plus court terme, on constate que les tendances observées ces dernières semaines sur le marché des devises restent inchangées. La paire EUR/USD est toujours dans un canal baissier de long terme qui, logiquement, devrait la conduire à toucher les 1,17 puis les 1,16. Du côté de l’EUR/CHF, la paire a quasiment fait du surplace en variation hebdomadaire. Le président de la BNS a réaffirmé il y a quelques jours de cela que la banque centrale va continuer d’utiliser les mesures non conventionnelles à l’avenir (interventions directes sur les changes et taux négatifs) – rien de surprenant. Enfin, la réunion de la Banque du Canada n’a pas été un élément de soutien pour le CAD, contrairement à ce qu’on aurait pu attendre. La banque centrale a de nouveau réduit la voilure de son programme de rachats d’actifs (le faisant passer de trois à deux milliards de CAD par semaine), avant une nouvelle action en ce sens attendue par le marché à l’automne.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,16241,17281,19311,1965
EUR/GBP 0,84000,84790,86480,8711
EUR/CHF 1,07491,08021,09301,1005
EUR/CAD 1,44521,46161,49301,5080
EUR/JPY 126,00126,21130,78131,93

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Les annonces à suivre

Le principal point d’attention cette semaine sera la réunion de la Banque Centrale Européenne qui sera un non-évènement. Aucun ajustement au niveau des taux d’intérêt ou des programmes de rachats d’actifs (appelés QE) n’est à l’ordre du jour. Ce n’est pas avant septembre voire plutôt fin d’année qu’un ajustement sera dévoilé par Christine Lagarde. Ajoutons également que nous aurons la confirmation cette semaine de la bonne dynamique au niveau des secteurs manufacturier et des services en zone euro avec la publication de la dernière estimation PMI pour le mois de juillet. Il n’y aura pas de surprise. L’économie européenne reste toujours fermement en phase expansionniste, nonobstant les incertitudes concernant le variant delta.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
20/0708:00Indice des prix à la production (Juin)Baisse à 0,7% en variation mensuelle contre 1,5% précédemment.
22/0713:45Réunion de la banque centraleSans surprise, statu quo au niveau des taux et des programmes de rachats d’actifs.
23/0709:15Indices PMI manufacturier et des services (Juillet)PMI manufacturier : stable à 59,0
PMI services : hausse à 59,4 vs 57,8 précédemment.
15:45Indices PMI manufacturier et des services de Markit (Juillet)PMI manufacturier : baisse à 61,5 vs 62,1
PMI services : forte hausse à 70,0 vs 64,6 précédemment.

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