Le Brexit ne fait plus peur

Le marché des changes a eu les yeux rivés sur la mise à jour des prévisions économiques du Fonds Monétaire International (FMI) et la mise en place de nouvelles mesures de restrictions en Europe qui font craindre une contraction de l’activité dans plusieurs pays européens, y compris la France, au quatrième trimestre. Le FMI a revu ses prévisions de croissance pour les années 2020, 2021 et 2022. La récession cette année est attendue au niveau mondial un peu moins importante (-4,4% contre une estimation en juin à -5,2%) mais, point négatif, le rebond de l’activité en 2021 et en 2022 est attendu plus faible en raison des inquiétudes persistantes concernant la propagation du virus. Seule exception : la Chine est l’unique pays à pouvoir prétendre à une reprise en V de l’activité économique. Ce panorama économique, qui reste bien-sûr plutôt négatif, va aussi induire prochainement une accentuation des faillites d’entreprises. En France, on estime que 35% des TPE (Très Petites Entreprises) vont épuiser leur PGE (Prêt Garanti par l’Etat) à la fin du mois. Pour beaucoup d’entre elles, contracter un nouveau PGE assorti d’un taux d’intérêt compris en moyenne entre 1% et 3% ne fait pas sens sans redémarrage de l’activité. Autrement dit, il va falloir se préparer à un carnage économique dans les mois à venir.

Au niveau des principales paires de devises, on a observé une baisse quasi-généralisée de l’euro face aux autres monnaies, particulièrement les valeurs refuge, sur fond de très faible volatilité. Cette baisse n’est pas vraiment surprenante. Une grande partie de la hausse de l’euro ces derniers mois reflétait l’espoir que l’UE gère mieux la pandémie que les Etats-Unis et donc s’en sorte économiquement plus rapidement. Cet espoir n’est plus. L’intensité de la deuxième vague de la pandémie induit de nouvelles mesures de restrictions qui vont probablement entrainer le PIB en territoire négatif au quatrième trimestre. De fait, nous restons toujours baissiers sur l’EUR/USD avec un terrain de jeu qui n’a pas changé depuis quelques semaines. Il faudra une cassure du support situé à 1,1650 pour espérer une extension de la dynamique baissière.

On remarquera que la seule contrepartie face à laquelle l’euro est en positif en variation hebdomadaire est la livre sterling, mais dans des proportions limitées (+0,23%). L’échec sans surprise du Sommet Européen consacré au Brexit et la mise en garde qui a suivie du Premier ministre britannique laissant entendre qu’il pourrait s’accommoder d’un no deal n’a pas conduit à de forts mouvements sur la monnaie britannique. Le marché des changes ne semble pas croire, pour le moment, à un scénario de rupture des négociations entre l’UE et le Royaume-Uni. Les dernières annonces semblent lui donner raison puisque les négociateurs européens sont attendus cette semaine à Londres pour débattre des derniers points de désaccord (notamment les questions de la pêche et des aides publiques). Officiellement, la date limite fixée par l’Union Européenne pour aboutir à un accord-cadre est le 31 octobre prochain mais tout porte à croire que cette date limite n’est pas contraignante. Dans le meilleur des mondes, il faudrait qu’un accord portant sur un nombre de sujets restreints soit trouvé d’ici mi-novembre afin d’avoir suffisamment de temps pour qu’il soit ratifié avant la fin de l’année. Européens et britanniques ont donc encore quelques semaines avant d’être au pied du mur.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

Cette semaine sera marquée par l’absence d’importants indicateurs macroéconomiques, ce qui va probablement se traduire par le maintien d’une volatilité faible sur les principales paires. On notera toutefois la publication des PMI en Europe pour le mois d’octobre, en particulier le PMI allemand. Il s’agit des dernières statistiques européennes d’importance avant la réunion de la BCE programmée fin octobre. Celle-ci ne devrait pas aboutir à la prise de nouvelles mesures de soutien. En revanche, Christine Lagarde devrait adopter un ton accommodant, en raison des risques économiques et du risque déflationniste en zone euro. Nous anticipons que de nouvelles mesures soient dévoilées en décembre, à l’occasion de la mise à jour des prévisions économiques de l’institut.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

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