Le dollar roi

Le point macro

La volatilité a fait son grand retour sur le marché des changes la semaine passée alors qu’elle avait quasiment disparu en 2019. Cela s’est traduit par des mouvements de forte ampleur sur l’ensemble des paires majeures. L’EUR/USD a évolué dans un range de près de 600 points (!!!), ce qui n’arrive habituellement qu’en période de crise, comme lors de la dernière grande crise financière. Cette forte volatilité reflète les craintes de récession de la part des participants de marché aboutissant à une fuite vers les valeurs refuge qui favorise surtout le dollar américain.

Les interventions tout azimut des banques centrales au cours des derniers jours, avec les nouvelles mesures dévoilées par la Banque Centrale Européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre (BoE), n’ont pas permis de rétablir la confiance. Sous la pression des acteurs de marché, la BCE a pourtant sorti le bazooka monétaire en annonçant un «programme de rachat d’urgence face à la pandémie» consistant en des rachats de dette publique et privée pour 750 milliards d’euros qui court jusqu’à la fin de l’année. De son côté, la BoE a de nouveau abaissé son taux directeur hors de son calendrier habituel de réunion, le portant à un point bas historique de 0,10%. Elle a également dévoilé un programme de rachats de dette souveraine britannique de 200 milliards GBP.
Nous sommes dans une configuration de marché que nous avons déjà connue par le passé, en 2008-09 ou encore en 2011-12. Tant que l’incertitude sur le plan sanitaire et sur le plan économique perdurera, ce qui devrait être le cas pendant au moins plusieurs semaines, le dollar américain continuera sa progression sur le marché des changes face aux autres devises.

  • Selon nous, il faudra au moins que certains des facteurs suivants se matérialisent pour espérer un retour de l’appétit au risque sur le marché des changes :
  • Un ralentissement du nombre de nouveaux cas de COVID-19 détectés en Europe et aux Etats-Unis.
  • Un rebond du prix du baril de pétrole.
  • Une stabilisation des places financières mondiales, et en particulièrement un apaisement des tensions sur le crédit aux entreprises aux Etats-Unis.
  • Une relance massive du crédit en Chine, similaire à celle engagée en 2009-10.

Si un ou plusieurs de ces facteurs venait à se concrétiser, cela pourrait ouvrir la porte à un rebond de l’EUR/USD. Pour l’instant, nous n’y sommes pas encore.

Le point technique

La configuration technique confirme également le maintien d’un biais baissier pour l’EUR/USD. La paire a perdu plus de 3% en l’espace de seulement une semaine et a très largement enfoncé des niveaux majeurs de support, à 1,09 et à 1,08. Nous ne pensons pas que les conditions soient déjà réunies pour un rebond technique. La prochaine zone test pour la paire se situe à 1,0652 qui, si elle est franchie, ouvrira la porte à une baisse plus prononcée en direction des 1,0422.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,04221,06521,09001,1000
EUR/GBP 0,85230,87860,93150,9712
EUR/CHF 1,04801,05261,06921,0797
EUR/CAD 1,49531,51431,56711,6009
EUR/JPY 114,59117,24121,44122,98

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Les annonces à suivre

Comme la semaine dernière, nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle intervention en urgence de la part des banques centrales. La Banque du Canada, qui a encore une grande marge de manœuvre au niveau des taux, avec un taux directeur à 0,75%, pourrait être contrainte de l’abaisser pour la troisième fois depuis le début du mois de mars si les données économiques confirment que le Canada est entré en récession. Du côté de la Fed, de la BCE, et de la BoE, il n’y a plus de marge de manœuvre au niveau des taux donc nous anticipons le maintien du statu quo dans les prochaines semaines.

Les statistiques qui seront publiées cette semaine, notamment le PMI manufacturier et l’IFO pour l’Allemagne, devraient montrer l’ampleur de l’impact économique du coronavirus et confirmer que la zone euro est certainement entrée en récession. L’accumulation de mauvais chiffres risque encore d’attiser l’aversion au risque et de favoriser une poursuite de l’appréciation du dollar américain.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
24/0309:30PMI manufacturier (Mars)Effondrement attendu de l’indice PMI, de 48,0 à 39,0 en l’espace d’un mois.
10:30PMI compositeLes attentes sont également à la baisse en raison de l’impact attendu du coronavirus sur l’activité économique.
25/0310:00IFO climat des affaires (Mars)Le consensus s’attend à une forte baisse de l’indice en un mois, passant de 96,0 à 88,0.
13:30Commandes de biens durables (Février)Repli attendu à -0,2% contre +0,8% précédemment.
26/0310:30Ventes au détail (Février)Consensus à +0,7% contre +0,9% le mois précédent.

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