MAUVAISE SEMAINE POUR L’EURO. ET MAINTENANT ?

Le point macro

La semaine passée, l’EUR/USD a enregistré sa plus forte baisse hebdomadaire depuis le mois de mars (-1,15%), avec un point bas sur la période atteint à 1,1200. Le détonateur de la baisse fut la publication de solides statistiques américaines qui semblent écarter l’hypothèse dès juin d’une baisse des taux de la Fed. Le bond des ventes au détail en mai de 0,5% confirme la bonne santé du consommateur américain, malgré des poches de fragilité bien connues, comme les défaillances sur les cartes de crédit ou les prêts automobiles. Ajoutons à cela l’accentuation du risque politique qui a pénalisé l’euro. Les tensions sino-américaines et l’escalade verbale entre l’Iran et les Etats-Unis suite à un incident dans le détroit stratégique d’Ormuz, qui permet le transit du pétrole entre l’Asie et l’Europe, ont favorisé les valeurs refuge. La baisse de l’euro face au dollar n’était pas isolée puisqu’elle était aussi notable face aux autres monnaies refuge : -0,84% face au yen et -0,05% face au franc suisse.

Le repli moins important face à la monnaie helvétique résulte de l’avertissement envoyée par la Banque Nationale Suisse lors de la sa réunion du 13 juin. A cette occasion, elle a confirmé le maintien de sa politique monétaire inchangée (taux d’intérêt négatif à -0,75% et poursuite du biais expansionniste), mais elle a surtout constaté que le CHF continue de se renforcer face au panier de devises de référence, induisant une courbe négative pour le commerce extérieur. En conséquent, elle a confirmé se réserver la possibilité d’intervenir sur le marché des changes pour éviter une appréciation trop importante. Bien que ces propos ne constituent en rien une surprise – nous en avions dévoilé la teneur dans L’Hebdo devises de la semaine dernière – ils ont certainement eu pour effet de freiner le mouvement haussier du CHF.

Finalement, parmi les monnaies majeures, c’est uniquement face à la livre sterling que l’euro a réussi à rester en territoire positif (avec un faible +0,01% sur la semaine écoulée). L’incertitude liée au Brexit constitue une épée de Damoclès pour la livre sterling. Maintenant que le nom du successeur de Theresa May est connu – il s’agira sauf surprise de dernière minute de Boris Johnson – il convient de savoir si de nouvelles négociations sont possibles avec l’UE afin d’éviter un hard Brexit. Boris Johnson a maintenu l’engagement de sortie de l’UE au 31 octobre prochain mais souhaite avant cela renégocier l’accord conclu avec l’UE. Jusqu’à présent, il a reçu une fin de non-recevoir de la part de Michel Barnier, chargé du dossier du Brexit du côté européen. Etant donné l’incertitude persistante, il n’y a aucune perspective durable de rebond du GBP à court et à moyen terme.

Le point technique

En ce début de semaine, la question qu’on se pose légitimement est de savoir si l’EUR a une capacité de rebond après avoir perdu beaucoup de terrain lors des dernières séances. Si on en juge par les positions prises par les fonds spéculatifs, ils s’attendent à ce que l’euro reprenne progressivement du terrain face au dollar. Leurs positions shorts sur l’EUR/USD depuis début juin ont diminué de 12899 contrats, pour atteindre le niveau de 86792 contrats. Cette baisse sur une période si courte est conséquente et semble traduire un changement des attentes du marché à l’égard de l’évolution de l’EUR/USD, au moins à court terme.

Le positionnement des traders est cohérent avec les mouvements qu’on peut habituellement constater avant une première baisse des taux par la banque centrale américaine. Comme nous l’indiquions déjà la semaine passée, historiquement, depuis les années 80, tous les cycles de baisse des taux de la Fed ont initialement abouti – autour de la première baisse des taux – à une hausse de l’euro (ou du deutsche mark) face à l’USD.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,10891,12091,14021,1471
EUR/GBP 0,87980,88470,89520,9030
EUR/CHF 1,10871,11411,12291,1262
EUR/CAD 1,49891,49391,51181,5198
EUR/JPY 120,10121,36123,29123,97

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Les annonces à suivre

Cette semaine, les banques centrales seront sur le devant de la scène, avec des décisions attendues au Japon, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni ainsi que la publication d’indicateurs de premier ordre, notamment les PMI européens, l’IPC britannique et le PIB de Nouvelle-Zélande. En outre, comme chaque année, la BCE tiendra sa conférence annuelle à Sintra, du 17 au 19 juin, à laquelle participera Mario Draghi.

Cependant, ce sera bien la réunion de la FED qui dictera la direction des devises. Nous nous attendons à ce que la banque centrale adopte un ton plus accommodant, dans un contexte d’accentuation du risque, qui devrait avoir un effet négatif sur le dollar. Malgré le maintien d’une croissance solide aux Etats-Unis, la FED n’a pas d’autre choix que de rassurer le marché sur sa capacité de réaction et sa volonté à soutenir l’économie américaine qui fait face à des vents contraires venus de l’extérieur. Ce ton accommodant devrait ouvrir la porte à une baisse des taux lors de la réunion du mois de juillet, en ligne avec les attentes des traders.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
18/0611:00Indice ZEWConfirmation d’une baisse du sentiment économique en juin (attentes à -5,8)
19/0620:00Banque centralePublication du communiqué à 20h et surtout conférence de presse à 20h30. Ton accommodant.
20/0613:00Banque centralePolitique monétaire inchangée. Taux maintenus à 0,75%.
21/0609:30PMI manufacturierHausse attendue en juin à 44,6 mais toujours largement en territoire de contraction.

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