POLITIQUE ET BCE AU MENU CETTE SEMAINE

Le point macro

Le terrain de jeu est resté étroit pour l’EUR/USD. La paire a évolué dans un range de seulement 59 pips sur la semaine écoulée. Le résultat des élections au Parlement européen n’a pas provoqué de regain significatif de la volatilité. C’est finalement le statu quo qui l’emporte avec une poursuite lente de la tendance baissière bien amorcée depuis le 1er janvier.

Coup de Trafalgar du président américain Donald Trump. Vendredi dernier, il a annoncé la mise en place de tarifs douaniers avec le Mexique alors qu’a été négociée il y a quelques mois de cela entre Toronto, Washington et Mexico une nouvelle mouture de l’ALENA. Si le Mexique « n’arrête pas le flux d’étrangers illégaux passant par son territoire », l’administration américaine va mettre en place des droits de douane à hauteur de 10% au 1er juillet, qui pourraient grimper de 5 points de pourcentage chaque mois jusqu’à la limite de 25% en octobre. Réaction immédiate sur le marché des changes : le peso mexicain s’est effondré de plus de 2% lors de la séance de vendredi, atteignant un point bas à 19,80 pour un dollar, avant d’effacer un peu ses pertes. Le dollar canadien a aussi perdu du terrain (-0,37% face à l’euro) alors qu’il n’avait pas réagi les jours précédents au chiffre du PIB canadien et très peu à l’issue de la réunion de la Banque du Canada (statu quo monétaire à 1,75%). Les investisseurs craignent une remise en cause de la nouvelle version de l’accord commercial nord-américain.

Toutefois, le Dollar Index ne bénéficiait pas de ce nouvel esclandre puisqu’il était en retrait sur la journée de vendredi, autour de la zone des 98.00. Comme nous le rappelions il y a peu, le dollar index n’est pas le grand vainqueur de la guerre commerciale car le marché considère que les Etats-Unis vont être affaiblis économiquement. A ce jour, 31% des investisseurs tablent sur une baisse des taux d’intérêt par la Fed pour soutenir l’activité d’ici la fin de l’année, et 35% tablent sur deux baisses des taux.

Le point technique

L’EUR/USD est toujours coincé dans un biseau dont la formation remonte à septembre 2018. Cela signifie que la tendance à long terme est inchangée, à la baisse en direction de 1,10. En fin de semaine dernière, la monnaie unique a regagné un peu de terrain face au dollar, en franchissant la ligne de résistance située à 1,1140 mais ce sursaut risque d’être éphémère. La paire évolue toujours nettement sous ses moyennes mobiles à 50 jours et à 200 jours ce qui laisse peu de doutes sur la suite des évènements. En outre, un ton plus accommodant attendu par la BCE lors de sa réunion du milieu de semaine devrait accroître les risques d’inflexion baissière.

On observe la même configuration au niveau de l’EUR/JPY, confirmée par les moyennes mobiles et le RSI, qui s’explique par le fait que le yen japonais sert de valeur refuge face au risque inhérent à la guerre commerciale. La paire de devises est en chute libre, à un point bas de mai 2017, et risque rapidement de rallier ses deux prochaines zones de support, à 119,91 et à 119,58.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,10701,11381,12431,1280
EUR/GBP 0,86710,87430,88690,8923
EUR/CHF 1,10371,11381,12821,1340
EUR/CAD 1,48561,49591,51321,5200
EUR/JPY 119,58119,91123,43124,39

Les annonces à suivre

Le fil directeur de cette semaine sera la politique et les banques centrales. Sur le front de la guerre commerciale, selon le Financial Times, la Chine pourrait annoncer de nouvelles mesures de représailles à l’égard des Etats-Unis, en mettant certaines entreprises américaines à l’index.

En outre, la politique s’invitera aussi en Europe avec la démission formelle du Premier ministre britannique Theresa May le 7 juin prochain, ouvrant la porte à une longue course de succession qui va s’étaler du 10 juin à la fin du mois de juillet. Pour la livre sterling, l’incertitude politique va se traduire par un regain baissier face au dollar et à l’euro.

En Europe continentale, le 5 juin prochain, la Commission Européenne doit présenter ses recommandations aux Etats-membres concernant leur trajectoire de dette et de déficit. A cette occasion, un bras de fer devrait s’engager avec l’Italie qui souhaite s’émanciper du Pacte de Stabilité et de Croissance, ce qui devrait accentuer le biais baissier de l’euro.

Enfin, la réunion de la BCE qui devrait être a priori plutôt technique, car fournissant des détails sur le programme de soutien aux banques (appelé programme de refinancement à très long terme), pourrait aussi conduire à un ajustement du forward guidance en direction d’un ton plus accommodant au regard des risques que fait peser la guerre commerciale sur la dynamique économique. Un autre signal baissier pour l’euro.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
03/0616:00ISM manufacturier pour le mois de maiHausse attendue par le consensus à 53,0
04/0615:45Discours du président de la Fed, J. PowellEventuelles indications sur le contexte international et la marge de manœuvre de la Fed
05/0614:15Enquête ADP pour le mois de maiBaisse des créations d’emplois à 185 000
06/0614:30Réunion de la BCEMaintien des taux inchangés
14:30Conférence de presse de Mario DraghiDétails techniques sur le programme de soutien aux banques et possibles commentaires sur la guerre commerciale
14:30Non-Farm Payroll pour le mois de maiTaux de chômage stable à 3,6% et créations d’emplois en baisse à 180 000

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