Un petit vent de panique

La réunion de la Réserve Fédérale américaine (Fed) a provoqué d’importants remous sur les marchés financiers la semaine dernière. La volatilité était de retour sur toutes les classes d’actifs, y compris les devises. Le communiqué de la Fed était conforme aux attentes : maintien du taux directeur compris entre 0% et 0,25% pour l’instant, fin du tapering (diminution des rachats d’actifs) en mars prochain et politique monétaire flexible en fonction de l’évolution de la croissance et de l’inflation. Mais la conférence de presse du président de la Fed, Jerome Powell, a dérouté beaucoup de cambistes. Il a adopté un ton clairement « hawkish » (en faveur d’un durcissement monétaire), n’excluant pas d’accélérer le rythme de hausse des taux cette année et l’amorce de la réduction du bilan, potentiellement dès le mois de juin prochain. La conséquence fut immédiate sur le marché monétaire. Avant la réunion de la Fed, le consensus des analystes anticipait quatre hausses de taux directeur cette année. Désormais, cinq hausses de taux sont anticipées. Certains grands acteurs du marché vont même plus loin : la banque américaine Nomura prévoit une hausse du taux directeur de 50 points de base en mars prochain (contre 25 points de base pour le consensus) et la banque française BNP Paribas anticipe désormais six hausses de taux en 2022. C’est certainement exagéré.

Le ton « hawkish » de Powell a déstabilisé le marché des changes ce qui va se traduire, a minima, par un maintien de la volatilité dans les semaines à venir, surtout pour les paires en USD. Cela a eu aussi un effet direct sur les anticipations de durcissement monétaire en zone euro. Le marché prévoit désormais une première hausse de taux de la part de la Banque Centrale Européenne (BCE) en décembre 2022 contre début 2023 il y a encore quelques jours de cela. Officiellement, la BCE table toujours sur une première hausse seulement à partir de l’année prochaine.

Il est important de bien comprendre que ces anticipations sont très fluctuantes. Elles évoluent en fonction des propos tenus par les banquiers centraux et des indicateurs macroéconomiques (chômage, inflation, dynamisme de la consommation etc.). Mais elles ont un impact immédiat sur les fluctuations de nombreux actifs, et surtout sur le taux de change des principales devises. C’est pour cela qu’il est important de les surveiller de près, en particulier lorsqu’il y a d’importants ajustements comme ce fut le cas la semaine dernière.

Au Canada, la banque centrale (BoC) a surpris les cambistes en maintenant sa politique monétaire inchangée en dépit du rebond de l’inflation qui est à un point haut de trente ans. Elle a invoqué les incertitudes liées au variant Omicron pour justifier le statu quo. Beaucoup de cambistes anticipaient une hausse des taux dès ce mois-ci. Il faudra probablement attendre le mois de mars prochain, au plus tôt.

Dans les pays émergents, le processus de hausse des taux continue également. La banque centrale du Chili a drastiquement durci sa politique monétaire en faisant passer le taux principal de 4% à 5,5% en une seule fois. Comme un peu partout sur la planète, l’inflation est aussi un problème pour le pays. L’indice des prix à la consommation se rapproche dangereusement de 7% – bien au-delà de sa cible située à 3%. D’autres hausses de taux sont à venir à la fois dans les pays émergents et dans les pays développés pour essayer de contenir les pressions inflationnistes persistantes. L’ère de l’argent facile (qui était liée au maintien de taux ultra-bas) est définitivement terminée. Nous sommes entrés dans une phase de normalisation rapide de la politique monétaire qui était encore inimaginable il y a un an de cela.

Sur le marché des changes, l’EUR/USD a fortement chuté dans la foulée de la réunion de la Fed. C’était prévisible. La paire affiche un repli de près de 1,85% sur les cinq dernières séances. Tout porte à croire que la baisse devrait continuer. Les prochains niveaux techniques à surveiller sont les zones de support à 1,1057 et à 1,0967. Les cambistes sont largement positionnés à la vente mais sans excès. Un rebond technique de court terme semble peu probable pour le moment. On notera la grande stabilité de la paire EUR/CHF qui continue d’évoluer entre la borne des 1,03 et des 1,04. Il est probable que la Banque Nationale Suisse soit en train d’intervenir sur le marché des changes pour limiter l’appréciation du franc suisse.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,09671,10571,14191,1501
EUR/GBP 0,81300,82410,84630,8574
EUR/CHF 1,01571,02561,0451,0565
EUR/CAD 1,39851,41051,43631,4495
EUR/JPY 126,74127,74129,23129,73

+33 (0)1 48 09 09 83

Les banques centrales seront de nouveau les principaux moteurs de fluctuations sur le marché des changes cette semaine. La réunion de la BCE ne devrait pas réserver de surprises. Pour l’instant, la politique monétaire en zone euro est en mode pilotage automatique. Ce sera lors de la réunion de mars prochain que nous pourrions avoir plus d’indications sur l’évolution à court terme à la faveur de la mise à jour des projections macroéconomiques.
Enfin, le marché monétaire prévoit une hausse du taux directeur de la part de la Banque d’Angleterre (BoE) ce jeudi. Le taux pourrait être porté à 0,50% contre 0,25% actuellement. Il faudra être prudent. Le consensus s’est récemment trompé concernant la décision de la BoC. Cela pourrait être de nouveau le cas avec la BoE. Si vous êtes exposé à la livre sterling, pensez à adopter la bonne stratégie de couverture de change avant la réunion de jeudi.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
31/0108:00PIB (T4)Le consensus table sur une contraction de -0,2% contre une progression de 1,7% au troisième trimestre.
01/0216:00Indice PMI manufacturier de l’ISM (Janvier)Attendu à 58,3 contre 58,8 précédemment.
02/0211:00Indice des prix à la consommation (Janvier)L’inflation devrait ressortir à 5% en variation annuelle.
14:15Créations d’emplois non agricoles ADP (Janvier)Forte baisse attendue à 250k contre 807k en décembre.
03/0113:00Réunion de la banque centraleIl fait peu de doutes sur le fait que la Banque d’Angleterre va augmenter son taux directeur de 25 points de base à 0,50%.
13:45Réunion de la banque centraleAucun changement de politique monétaire n’est prévu.
16:00Indice ISM non manufacturier (Janvier)Le consensus des analystes prévoit un repli à 61,8 contre 62,3 en décembre.
04/0114:30Rapport sur l’emploi (Janvier)Le taux de chômage est attendu stable à 3,9% et les créations d’emplois en hausse à 238k (contre 199k en décembre).

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